Histoire du Château du Puch de Gensac

Admirablement situé sur l’extrémité d’un promontoire rocheux au lieu-dit le Puy de Gensac, le château dont les origines remontent au 13è siècle s’avance et domine le vallon de la Durèze au Sud Ouest de la commune de Pellegrue.

Le château du Puch de Gensac , propriété des Pellegrue

Propriété de la puissante famille de Pellagrue aux 15è et 16è siècles,le château du Puch de Gensac  fut cédé vers 1560 à Monsieur Le Blanc, conseiller au Parlement de Bordeaux.
En 1686, il est acquis par Jacques-Jean de Puch, écuyer, brigadier général dans les armées du Roi et seigneur des maisons nobles de la Tour-de-Monbreton (paroisse de Pessac-sur-Dordogne)  et de Pailhas (paroisse de Massugas), dans la juridiction de Gensac et d’autres lieux encore. Il reste dans la famille de Puch jusqu’au début du 20è siècle.
Il est vendu le 5 janvier 1932 à un couple sino-américain, Madame et Monsieur Kim Goal Kwan. Ce dernier s’y adonnera alors toute sa vie à sa passion pour la peinture, décorant la quasi totalité des pièces du logis, qu’il aimait particulièrement.  Tous deux sont enterrés sur la propriété.
En 1993, le château est racheté par M.Pitron, qui entreprend la réhabilitation et la rénovation complète du site. Intérieurs et extérieurs sont entièrement refaits sous la surveillance et les conseils des Bâtiments de France. Le château est classé Monument Historique en 1995.

Il est répertorié et décrit avec précisions par Léo Drouyn  dès 1860, qui en dessinera vue d’ensemble et détails techniques.

Le château du Puch de Gensac : quelques sources historiques

Feu Nicole Dubois a  mis en page un travail de classement d’archives. Ce document est consultable en mairie de Pellegrue. Voici quelques lignes à propos du château du Puchde Gensac

Le château du Puch de Gensac (Annexe 10) – (d’après Léo Drouyn, La Guienne Militaire)

« Le Puch de Gensac, dont le nom d’ancienne est le Puy de Gensac, appartenait autrefois à la puissante famille de Pellagrue ou Pellegrue. François de Pellegrue en était seigneur en 1445, ainsi qu’on le voit par le testament de sa femme Marguerite de Balezac…
Noble Bertrand (alias Jean) de Pellegrue, seigneur d’Eymet et de la maison noble du Puy de Gensac, avait acquis tous les biens de François de Pellagrue, et avait donné à fief à Guillem Odon, le 20 mars 1460, le domaine (le mayne) de Puy Breton, situé dans la paroisse de Pellegrue, sur le bord du ruisseau de Bouffiagues (en la risveyra de Bouffiaguas). Cet acte, passé à Gensac par Marthonia Bilhardy, notaire royal, eut pour témoin Pelegrin de Valenx, Arnaud de La Brousse et Jean de Pellegrue, paroissiens de Gensac. Bertrand de Pellagrue était encore seigneur du Puy de Gensac en 1945.

On voit, par divers bails et exporles, que dans cette maison noble dépendait alors une assez grande quantité de terres situées dans les paroisses de Pellegrue, Sainte – Regonde (Radegonde), Bouffiargues, Listrac, Juillac, etc., et des maisons dans le bourg de Gensac.

On voit aussi, par diverses reconnaissances de 1552, 1555 et 1556, et par le rôle du ban et arrière-ban de la sénéchaussée du Bazadais du 23 mai 1557, publié par M. J. de Bourrousse de Laffore dans le IIIe volume du Nobiliaire de Guienne et de Gascogne, p., qu’alors Phelippe de Pellagrua, dame de Limeyac, était aussi dame du Puy de Gensac. Elle dut vendre cette maison noble à M. le Blanc, conseiller en la Cour du Parlement de Bordeaux ; car elle écrivait à M. de Léonard, avocat en la Cour présidiale de Brives, son voisin, qui lui demandait pour M. Le Blanc, seigneur du Puy de Gensac, les titres de propriété, que Me Lussaut, le notaire qui les gardait, étant mort, elle ne savait à qui s’adresser ; mais que lorsqu’on aurait trouvé le lieu où ils étaient détenus, elle se ferait un plaisir d’être agréable à M. Le Blanc. Elle date sa lettre de Limeyrac, le 30 octobre, sans indication d’année ; mais ce doit être vers 1560.

Le château du Puch de Gensac sous Henri III

Lors de l’avènement d’Henri III, des partis de protestants et de catholiques parcouraient la Guienne, s’emparant des châteaux, dans lesquels ils se fortifiaient, désolant les campagnes, où ils empêchaient de faire les récoltes. Le château du Puch de Gensac ne fut pas exempt de ces calamités. Le 15 septembre 1574, M. Le Blanc reçut une lettre de Bertrand Bailhon, son homme d’affaires, qui lui rappelait que, le samedi précédent, il lui avait écrit que sa maison du Puch de Gensac avait été envahie par des hommes qui disaient en avoir reçu l’ordre, tantôt de M. de La Valette, tantôt de M. de Saint-Orens. « Ces hommes, écrit-il, se rempaent tous le jours et font mille maulx. Ils perssent votre maison, rompent les arbres autour tant gros que menus. Je ne me pourmène point pour y avoir l’œil, parce qu’ilz tachent de me prendre, ce que je me garderais si je puis. Je crains que si ilz sont pris dedans, que la maison sera en danger d’estre ruynée, comme ilz ont déjà fact celle qui est dedans la ville de Gensac ; car ils la demolissent jusques à emporter les poutres. Je crains bien ne pouvoir faire vendanges, si Dieu n’y met la mein… »
Les prévisions de Bernard Bailhon ne se réalisèrent que trop ; car dans une supplique adressé au Parlement le 21 février 1599, Jacques Le Blanc, conseiller du roi en la Cour, se plaint que « il y a vingt-deux ans passés, sa maison noble du Puis de Genssac auroist esté non seulement sacquagée et pillée, mais aussi bruslée et mise en sandre par ceulx de la nouvelle religion » et que tous ses titres avaient été perdus ; il prie, en conséquense, le Parlement de donner ordre de lui délivrer des copies vidimées des actes dont il ne pourra retrouver les originaux chez le notaires. Ce même seigneur obtint du Parlement, le 29 octobre 1605, le privilège de faire porter à Bordeaux, tous les ans, et sans payer les droits de passages, ni autre frais quelconques, douze tonneaux de vin provenant de sa maison noble du Puys de Gensac.

Ceci prouve que les membres du Parlement s’entraidaient et que chacun d’eaux pensait à ses intérêts particuliers. Jacques Le Blanc fit son testament le 5 octobre 1615. On y voit qu’il avait un fils, Pierre Le Blanc, qu’il institue son héritier universel. Il laisse à ses quatre filles, dont deux étaient mariées, ses rentes de Montraval, sa maison noble de Birac, située prés d’Yzon et Vayres (à Saint-Sulpice d’Izon) et sa maison noble du Puch de Gensac (Archive du château de Brugnac appartenant à M. L. d’Auzac de La Martinie). Il paraît qu’elles se partagèrent ces diverses propriétés, puisque le 19 janvier 1641, Jeanne Le Blanc, veuve de feu Me André de Senaut, de son vivant conseiller en la Cour des Aydes de Guienne, était dame du Puch de Gensac. Dans un arrêt du Parlement du 5 avril 1667, Joseph de Senaut, très probablement fils d’André, est qualifié seigneur du Puy de Gensac.
Dans divers actes de 1671, 1674, 1675, il porte la même qualification, avec le titre d’écuyer.

Une reconnaissance du 12 mai 1671 nous a paru digne d’être analysée, à cause de la quantité de noms de lieux qu’elle renferme : Jean Tauzia, marchand, habitant de la paroisse, Bouffiagues…, et Jeannot Barboutin, tailleur d’habits, habitant du bourg de Gensac, reconnaissent tenir du seigneur du Puch de Gensac trois pièces de terre : la première située dans la paroisse de Bouffiagues, au lieu appelé « aux Fosses-Content » ; la seconde située dans la même paroisse, au lieu appelé « à la Pradelle », autrement dit « à Fontblanquet », confrontant à Jacques de Saint-Guaciesn sieur de Fonbizon (Fonbizol) ; du midi, au ruisseau qui sépare les paroisse de Listrac et de Bouffiagues ; du nord, au chemin qui va du « pont de Bouffiagues à Guiontet », anciennement appelé « le chemin de le Chaussade (c’était probablement une voie romaine) ; la troisième terre, située à Listrac, au lieu appelé « à la Boulbene ».
On voit dans un acte du 9 janvier 1686qu’alors Joseph de Senaut était mort. Le 15 juillet de la même année, le sieur de Lautrec fut chargé par le nouveau seigneur, Jacques-Jean du Puch, écuyer, seigneur des maisons nobles de la Tour-de-Montbreton et de Pailhas et autres lieux, brigadier général dans les armées du roi, et habitant de la maison noble de Pailhas, paroisse de Massugas, juridiction de Gensac, de retirer les titres des mains de M. de Senaut la maison noble du Puch de Gensac (J. de Bourrousse de Laffore, Nobiliaire de Guienne et de Gascogne, t. III, p. 259.) jusqu’au début du XXe siècle, le château n’est plus sorti de la famille de Puch.

Le 5 janvier 1932, M. Le Comte Marie, Louis, Victor, Pierre de Puch et Mme ma Comtesse Marie-Antoinette, Théophile, Claire, Marguerite Noguess vendent le château à M. Kim Gaol Kwan (né en Chine à Canton le 17 avril 1899). M. Kim Goal Kwan avait pour passion la peinture et il a laissé à Pellegrue une de ses  toiles « Le Raid hippique » photographie d’une manifestation du village. Cette toile est exposée dans la salle de mairie. Une autre toile se trouve dans l’église Saint-André et représente le christ sur la croix.

« Le château du Puch de Gensac, situé sur l’extrémité d’un promontoire rocheux qui s’avance dans le vallon de la Durèze, est dans une des plus ravissantes positions que je connaisse… Ses constructions les plus anciennes datent du XIVe siècle. Alors la forteresse occupait la pointe du couteau,… Les murs… au sud-ouest ont été démolis pour dégager la vue sur la vallée, et former en avant des constructions une magnifique terrasse remplaçant l’ancienne basse-cour. Jadis ce château était isolé du plateau par un fossé, dans lequel s’avançait la tour carrée qui recouvre la porte. Ce fossé est maintenant remplacé par des constructions… Il ne reste de la construction primitive du XIVe siècle, que la tour carré couronnée de mâchicoulis, sous laquelle s’ouvre la pore ; un pan de mur percé d’une meurtrière cruciforme dans une petite cour inférieure, dont un des côtés bordait le fossé, et un fragment d’un grand mur d’enceinte sur lequel existait un chemin de ronde, dont la porte se voit encore au premier étage de la tour nord.
Toutes les autres constructions paraissent dater du XVIe siècle ; on y remarque une grosse tour ronde au sud-ouest, pouvant servir à l’occasion de donjon ; puis, la tour octogone de l’escalier, construite toujours avec un grand luxe pendant cette époque. La porte de celle-ci est à linteau droit surmonté d’une contre-courbe, et entourée de pilastres dont les clochetons encadrent une fenêtre cruciforme. Le linteau des autres fenêtres est surmonté d’une accolade. Contre les parois intérieures de l’escalier sont creusées de petites niches, au dessous desquelles s’avancent des culs-de-lampes représentant des têtes humaines. Ces niches devaient sans doutes servir à mettre des flambeaux pour éclairer l’escalier, au sommet duquel existe une charmante petite chambre. Le huit nervures de la voûte retombent sur des consoles, dont la plupart représentent des têtes humaines. Sur la clef est sculpté le monogramme de Notre-Seigneur, composé d’une façon assez bizarre : l’I, portant à ses deux bouts une fleur-de-lys, est placé entre les deux jambages de l’H ; l’S est formé par un serpent qui s’entrelace dans une autre lettre » La Guienne Militaire, Léo Drouyn, t1, 1865.